26

Claudia téléphona à Whit avant d’aller s’effondrer sur son lit. Elle lui résuma ce qu’elle avait lu dans le dossier Corey Hubble et il lui indiqua les résultats de l’autopsie ainsi que le problème des sachets mal fixés aux mains.

« Il faudra que tu en parles à Delford. Ce n’est plus à moi de m’en occuper.

— Je suis désolé. Rien ne justifiait ça.

— Peu importe, voyons comment Gardner gère les choses. Apparemment, les Hubble ont bel et bien droit à un traitement de faveur… Gardner a analysé la lettre. On y trouve deux séries d’empreintes : celles de Pete et celles de Sam.

— Alors l’affaire est presque réglée », dit Whit.

Whit roulait en direction du Café Caspian en regardant les lumières du port, les bateaux de pêche, les navires de plaisance, les restaurants en face des jetées qui avançaient dans la baie. Son téléphone sonna au moment où il se garait devant le café.

« C’est toi qui as servi de confesseur à Sam, si j’ai bien compris, dit Faith d’une voix rauque, fatiguée, mais moins glaciale que lorsqu’elle était partie de la maison d’amis. Il m’a dit que tu avais été très gentil avec lui. Je te remercie.

— Je t’en prie. Comment allez-vous, toi et ta famille ?

— Sam en est au même point. Lucinda est très affectée par la confession de Pete. Elle essaie d’accepter la réalité.

— Le ton de ta voix… Tu me parles comme si tu t’adressais à la presse.

— Peut-être. Excuse-moi. À force d’écouter des conseillers en communication d’Austin… Sam est anéanti. Lucinda est sous le choc. Si Pete lui avait dit à l’époque ce qui était arrivé à Corey… Mon Dieu, leur vie n’aurait pas suivi le même cours. Tant de souffrance aurait été épargnée. Une souffrance tellement inutile. Écoute, Whit, je m’excuse d’avoir été désagréable. Pour être honnête, je passerais bien sept ou huit heures au lit avec toi.

— Faith… Tu crois que cette lettre est authentique ? » Faith resta silencieuse quelques secondes. « Bien sûr que oui. Je plains Pete, quand je pense à ce qu’il a dû endurer. Garder tout ça pour lui. Je comprends pourquoi il a décidé de se plonger dans cette fausse forme de plaisir, et pourquoi il ne pouvait rien me dire…»

Un sanglot brisa la voix de Faith. Elle se mit à rire doucement, un de ces rires où passe toute la tristesse du monde.

« J’ai toujours considéré qu’il avait été un mauvais mari, reprit-elle. Je me rends compte que j’ai dû être une mauvaise épouse…

— Après la disparition de Corey, est-ce que Pete a radicalement changé ? »

Whit entendait la voix de Lucinda derrière. Apparemment, elle parlait elle aussi au téléphone, d’une voix lente, endeuillée.

« Oui, répondit Faith, il n’a plus jamais été le même. Mais c’est de Sam dont je dois m’inquiéter maintenant…

— Je suis désolé, Faith. Vraiment désolé. » Les condoléances n’avaient que peu de valeur pour Whit : la mort s’en moquait. Mais il essayait quand même.

« Enfin, au moins c’est terminé. Merci, Whit, à bientôt. »

 

Le restaurant était plongé dans le noir. Whit ouvrit la porte avec la clé que lui avait confiée Irina et se rendit directement dans la pièce où trônait le bureau de sa belle-mère, couvert de papiers. Un calendrier offert par l’agence locale de la Texas Coastal Bank était accroché à un mur, à côté de quelques photos de famille encadrées, prises en Russie : une mère à l’air sévère, un frère plus souriant mais pour lequel une visite chez l’orthodontiste s’imposait – sans parler d’une visite chez un bon coiffeur pour remédier à sa banane ringarde. Irina parlait rarement de sa famille et de son ancienne vie, comme si le chapitre était tourné.

Whit alluma l’iMac, se connecta à un moteur de recherche sur Internet. Il tapa d’abord « Big Pete Majors », le nom d’acteur de Pete Hubble.

Une liste de sites apparut, avec de brefs résumés. La plupart d’entre eux semblaient être des magasins en ligne proposant des vidéos X à la vente. Néanmoins, le premier de la liste était présenté comme « LE site de référence pour tous les inconditionnels de Big Pete Majors ». Whit cliqua.

Le site était fait par un inconditionnel de Pete. On y trouvait des critiques des centaines de films où jouait Pete, un forum où les fans pouvaient s’exprimer librement (pas forcément intelligemment) et une galerie de photos de Pete, seul ou en pleine action avec ses partenaires.

Aucun gros titre, aucune bannière clignotante annonçant la disparition de Pete. Sous le titre le temple (non officiel) des admirateurs de Big Pete Majors, on pouvait lire : « Vous qui êtes fan de Big Pete Majors, vous voici chez vous ! Je m’appelle Kevin, et j’ai créé ce site pour m’amuser. TOUS les fans de Pete – hétéros, homos, bis – sont les bienvenus, alors profitez-en ! »

À n’en pas douter, Kevin avait beaucoup de temps libre. Mais le forum était peu visité : quelques dizaines de messages, certains datant de plusieurs mois. Un thème revenait : « Pete mettrait un terme à sa carrière ? » Une rumeur persistante, et les admirateurs de Pete cherchaient ce qui pourrait bien la justifier : séropositivité, dysfonctionnement du pénis, drogue, conversion religieuse, incompatibilité artistique avec les différents réalisateurs. Kevin avait lui-même écrit le dernier message en date : « Comme vous le savez, j’ai l’honneur de connaître (un peu) Pete car il apprécie le site. Je viens de lui parler au téléphone et il m’a dit qu’il n’avait AUCUNE INTENTION d’arrêter le porno. Il m’a dit qu’il nous remerciait tous pour notre sollicitude, mais qu’il comptait revenir à Los Angeles dans quelques mois. Il est en ce moment au Texas (où tout semble effectivement être plus grand qu’ailleurs !) pour travailler sur un projet personnel (non pornographique). Restera-t-il en contrat exclusif avec la compagnie de la réalisatrice Velvet Mojo ? On verra bien. En tout cas, coupons court une bonne fois pour toutes aux rumeurs : Pete n’est ni mort ni malade. Vivement son retour à LA ! »

Le message était daté de lundi en début d’après-midi. Quelques heures avant la mort de Pete.

Whit ne lut rien d’autre d’intéressant. La plupart des messages traitaient des films de Pete : dans quelles vidéos était-il le plus à son avantage, quelles scènes étaient les plus excitantes, qui étaient ses meilleures partenaires. Les fans (qui avaient des pseudos le plus souvent idiots comme « Folledepete » ou « Sexypute69 » ou « Garçonsuceur ») ne notaient pas les films avec des étoiles, mais avec des « bites » : cinq bites en l’air, et on avait affaire à un chef-d’œuvre. Whit en conclut que les consommateurs de sexe – contrairement à ceux qui avaient une vraie vie sexuelle – avaient besoin de lire des critiques avant de dépenser un argent durement gagné.

Whit retourna à la page d’accueil du « temple ». Il cliqua sur un lien qui lui permit d’écrire au webmaster : « Bonjour, Kevin, j’aimerais vous parler de votre dernière conversation avec Pete. Je suis une connaissance de Pete ici au Texas, et j’ai peur d’avoir de mauvaises nouvelles à vous communiquer. Je préférerais vous en parler par téléphone. Pourriez-vous s’il vous plaît m’appeler sur mon portable au 361-555-6788 ? Les frais seront à ma charge. Merci. Whit Mosley, juge de paix, comté d’Encina, Texas. »

Whit espérait que la mention de son titre de juge inciterait Kevin à répondre rapidement. Il ne résista pas à la curiosité : il cliqua sur le lien qui menait à la galerie. Les photos étaient soigneusement classées. Au choix : Pete seul. Pete se masturbant. Pete ayant droit à une fellation. Pete prenant une femme par-derrière. Pete copulant avec une Asiatique. Avec une Noire. Avec une fausse blonde. Avec deux filles en même temps. Un menu large et varié, pour satisfaire tous les goûts. Surtout les plus mauvais.

Whit se souvenait du garçon que Pete avait été autrefois : marrant, insouciant, taquin. Il avait aidé les Mosley à enrouler du papier toilette dans les branches des chênes du jardin de Delford, il les avait félicités du bon tour qu’ils avaient joué en peignant la maison du commissaire en rose. Whit ne reverrait plus ce garçon. Pete avait-il usé du sexe et du plaisir pour faire barrage à la douleur d’avoir tué son frère ?

Whit lança une recherche sur « Velvet Mojo » qui le mena jusqu’à un site baptisé Le paradis de Velvet, « le seul site entièrement dédié à la plus grande réalisatrice américaine de films X ». La photo sur la page d’accueil datait d’au moins cinq ans : Velvet en costume de cuir noir, les cheveux blond platine sculptés avec de la mousse, chevauchant une Harley étincelante. Contrairement aux starlettes habituelles, Velvet ne souriait pas de manière aguicheuse, elle fixait l’objectif d’un air agressif. Le site incluait une liste des films qu’elle avait mis en scène (plus de soixante) et des récompenses qu’elle avait gagnées (sept), des liens pour acheter ses vidéos, des critiques de ses films par des experts en pornographie – ou du moins par des fans vraiment obsessionnels. Au début de sa carrière, Velvet avait également tourné dix films en tant qu’actrice, deux d’entre eux étant aujourd’hui considérés comme des « classiques ».

Là encore, il y avait une galerie de photos.

Whit sentit un frisson coupable lui parcourir les membres, comme il n’en avait plus ressenti depuis la dernière fois qu’il avait jeté un coup d’œil à la pile de Playboy que ces frères avaient soigneusement cachée dans un coin de leur maison. Il n’avait jamais vu de photos déshabillées d’une femme qu’il connaissait personnellement. La curiosité prit le pas sur la bienséance. Whit cliqua sur la miniature d’une photo.

Un cliché promotionnel emplit lentement l’écran. Velvet, vêtue d’un uniforme de factrice trop serré, les seins prêts à faire sauter les boutons de la chemise. Sa chevelure blonde était extraordinairement bouffante, ses lèvres rouge vif, ses joues orange. Une main posée sur son ventre s’apprêtait à glisser au creux de son entrejambe, là où la jupe en serge bleue semblait particulièrement mal ajustée.

Whit avala sa salive. Velvet était beaucoup plus jolie au naturel, avec un simple pull, un jean, sans que ses cheveux soient artificiellement maintenus en l’air pour former un cumulus. Sur cette photo, on l’avait transformée en poupée Barbie rendue folle par le désir. Rien à voir avec les femmes que Whit avait pu rencontrer dans la réalité. La vraie Velvet disparaissait sous la pose artificielle et le maquillage. Whit cliqua sur une seconde photo miniature : le torse trop musclé de Pete écrasé par les seins trop rebondis de Velvet, leurs deux visages déformés par une grimace de plaisir si irréaliste qu’on les aurait crus au supplice.

Whit se souvint que Velvet appelait ça un « baiser qui tourne mal ». Il arrêta le téléchargement avant que le reste de l’image soit visible. Il connaissait ces personnes. Il ne voulait pas les voir comme ça.

Il lança une recherche sur « Pete Hubble », et non Pete Majors. Aucun résultat intéressant, seulement des sites de généalogie qui contenaient dans leurs bases de données des Pete Hubble, dont certains étaient morts trois cents ans plus tôt. Une recherche sur « Corey Hubble » donnait le même genre de choses, sauf que le « temple » de Kevin réapparaissait dans la liste. Pourquoi cela ?

Whit allait cliquer sur le lien quand la lumière s’éteignit dans le bureau. Il entendit une détonation derrière lui et, quasi simultanément, l’écran de l’iMac explosa, projetant des éclats de verre à travers la pièce. Whit glissa derrière le bureau en se protégeant la tête des deux mains.

« Salut, juge, grogna une voix d’homme rauque et sans trace d’accent à l’entrée de la pièce. Reste couché et il ne t’arrivera rien. »

Recroquevillé sur le tapis, Whit ne bougeait pas. Son cœur battait la chamade. Le bureau le protégeait d’un assaillant que l’obscurité l’empêchait de voir. Ce qui restait de l’écran émit un dernier grésillement électrique. Whit entendait sa propre respiration, beaucoup trop forte.

« J’aurais pu vous faire sauter la cervelle, Votre Honneur, dit l’homme d’un ton calme, mais ce n’est pas mon intention. Ce que je veux, c’est que tu m’écoutes. Tu m’écoutes ?

— Oui », dit Whit d’une voix étranglée.

Qu’est-ce qui pourrait lui servir d’arme dans le bureau ? Rien ne lui venait à l’esprit.

« Bien. Tu te prononceras en faveur de la thèse du suicide de Pete Hubble. Sinon tu mourras, ainsi que ton père, sa femme, Claudia Salazar et Delford Spires. Vous serez tous tués au même moment par, euh, plusieurs de nos agents. Tu me saisis ? »

« Jésus. Jésus, Marie, Joseph », implorait Whit en secret.

« Et si tu fais part de notre conversation aux autorités, tes cinq frères et leur famille seront eux aussi assassinés. À Houston, à Atlanta, à Austin, à New York et à Miami. Nous savons où sont éparpillés tous les Mosley. Tu comprends toujours ?

— Oui, dit Whit sans souffle dans la voix.

— J’aimerais entendre plus de conviction quand tu me parles. C’est important quand on est juge… Choisis un de tes frères. Je le tuerai pour te prouver que je suis sérieux. »

L’homme éclata de rire – un petit rire absolument écœurant. Whit fut saisi d’horreur.

« Allez, dis-moi quel frère. Sinon je les tue tous.

— Ne faites pas ça. Je vous obéirai. »

Mais l’homme s’amusait trop :

« Lequel ? Teddy, à Houston ? Imagine quelle fête des Pères déplorable ses trois adorables petites filles passeraient. Joe, à Atlanta ? Sa société informatique doit lui verser un joli salaire, je suis sûr que sa veuve aurait droit à une belle assurance. Mark, à Austin, qui veut devenir écrivain ? C’est ton frère préféré, non ? Le monde n’a pas besoin d’un plumitif de plus…

— Je vous en prie, ne leur faites pas de mal.

— Choisis-en un ! cria l’homme au revolver, à bout de patience.

— Moi ! Tuez-moi ! hurla Whit. Laissez mes frères.

— Voilà qui est enfin dit avec conviction, déclara l’homme en gloussant. Alors quel sera ton jugement ?

— Suicide. Un suicide.

— Bon. Je suis d’humeur généreuse ce soir. Tous tes frères se réveilleront sains et saufs demain matin. Ils pourront respirer à pleins poumons et baiser leur femme. Désolé pour l’ordinateur d’Irina, mais la même chose aurait pu arriver à sa cervelle. »

Whit sentit que l’homme se penchait au-dessus du bureau. Si Whit avait le malheur de regarder en l’air…

« Voilà ce que tu vas faire maintenant, connard. Tu vas rester collé au sol pendant encore trente minutes. Parce qu’un pote à moi surveille le restau, et s’il voit une lumière s’allumer, il m’appelle et je reviens te buter. Compris ?

— Oui. J’ai bien compris.

— Ne me déçois pas, OK ? »

Whit entendit la porte se refermer. Ne restaient plus que l’obscurité et sa propre respiration frénétique. Il se palpa le cou, le visage, l’oreille près de laquelle la balle avait sifflé. Pas de blessure. Il resta parfaitement immobile.

Qui était ce type ? Il parlait comme – quoi ? Un psychopathe ? Un militaire ? Un mafioso ? Plutôt comme un méchant garçon qui avait vu trop de mauvais films… « Plusieurs de nos agents. » Bon sang, qui ça pouvait être ?

« Tu veux courir le risque de lui désobéir ? Quand ta vie et peut-être celle de ta famille sont en jeu ? »

Whit attendit sans bouger que la demi-heure passe. Son téléphone portable sonna plusieurs fois avec insistance, mais il ne répondit pas.

 

Faux-Semblants
titlepage.xhtml
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Abbott,Jeff-Faux semblants(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html